Snowpiercer, de Bong Joon-ho

On sort du cinéma. Les oreilles en veille. La salle était pleine, j’ai pas envie de saisir un commentaire à la volée. Je n’aime pas commenter un film dans les trois secondes. J’ai besoin d’atterrir. Surtout quand le film passe deux heures à frapper, mutiler, tuer des personnages fictifs auxquels on s’attache, on s’attache forcément, huis clos oblige.

En silence, je pense que j’aime l’idée d’un film dans un train. Qu’on pourrait disserter des heures sur la symbolique de cette prison sur rails, sur les deux visions, cycliques versus linéaires qui s’affrontent, sur le dieu dans la machine. Je pense que c’est un film avec de vrais bouts de BD et de manga dedans. Je pense aussi que Tilda Swinton n’aura jamais un seul rôle 0% glauque dans sa carrière.

Mais surtout je pense aux films catastrophes. Il y a quelques décennies, les héros parvenaient à stopper le drame avant qu’il ne se produise. Il y a quelques années, même lorsque l’apocalypse survenait, les protagonistes survivaient, porteurs d’un antidote, d’un remède, d’un jardin d’Eden en kit prêt à soigner la Terre. Puis le cataclysme est devenu inévitable, les personnages témoins impuissants des éléments déchaînés, de la planète agonisante.
Arrive Snowpiercer, et sans doute beaucoup d’autres – je ne suis pas très films catastrophe qui ne se passent pas dans des trains – où le statut de survivant des héros s’efface. Ils sont victimes, anomalies d’un monde sur lequel ils ne devraient même plus avoir leur place, où les ours polaires méritent davantage de vivre qu’eux.
Comme si éviter les Grandes Catastrophes c’était démodé. Comme s’il fallait aller voir plus loin. Parce qu’on voit notre futur, le vrai pas celui des écrans, de plus en plus noir ou bien que les places de ciné s’achètent à coup d’expériences de plus en plus extrêmes. Je ne sais pas. Et je me demande si j’ai très envie de le savoir.

Je souffle dans mes doigts, il fait froid à Bercy. Métro ligne 14. La rame est automatique. Pourvu que j’en descende vite.

Laisser un commentaire