Augure

Je lis les cartes.

Je tire les tarots, je dis la bonne aventure.

Je regarde un peu l’avenir.

Comme ma grand-mère, comme ma mère, comme ma sœur. Je sais pas si c’est de famille. Si c’est un truc féminins, si j’ai ma place ou nom dans la mystique généalogie.

Sans Persona, sans Persona, bien sûr, l’exaspérante japonaiserie qui ressort à chaque détour, je ne scruterai pas les arcanes. Persona qui se servait des lignes les plus grossières des cartes pour alimenter son histoire. Le Fou, la Lune, le Pendu, le Monde… Mon esprit lissé par les actions systématiques, les combats virtuels, qui peu à peu intègre qu’il existe des images et des symboles qui veulent dire.

Il n’y a pas à s’y tromper, c’est pour cela que j’ai commencé : le voyage du Mat, du Magicien au Monde, circulaire en permanence, c’est l’histoire la plus simple du monde. Un héros, n’importe lequel, et ses épreuves. Celles de chacun. Celles que l’on partage.

Tirer les cartes, pour parler.

Tirer les cartes, fragments de miroir.

Je ne me mets plus jamais en face, quand je consulte. Endroit, envers, le reflet reste toujours le même. Ce qui importe, c’est la forme de la brisure.

Je tire les cartes parce que l’histoire se déroule immédiatement. Présent, passé, futur. Opposants, adjuvants, motivation. Le schéma immédiatement habité, par l’Hermite, la Princesse d’Épées ou le Triomphe.

Et les paroles.

Pendant plusieurs minutes, à suivre la carte au trésor, la constellation que les lames ont tracée. Je suis, littéralement, le medium. Je transmets, quelques lignes de forces, je discerne quelques intrigues entre les Amoureux et le Désarroi. Mais au final, ce sera l’autre, celui qui est venu chercher des signes, qui dessinera le sens. Par ses mots, ses gestes ou son silence.

Le tarot, un guide. Une grande traînée d’étoiles dans lesquelles on distingue un sens, un Ordre, sans déranger le Chaos.

« Les cartes ont une volonté », a dit un jour un vieux monsieur, à la terrasse d’un café.

Sans aucun doute.

Une volonté née de toutes les histoires dont elles sont dépositaires. Celle d’E., si concentré, dans son appartement sous les toits. Celle de T., dans la petite salle du CDI. Celles chuchotées lors d’un été dérobé dans le sud.

Qui prennent toutes place dans l’éternel voyage du Mat. Plus riche et plus ignorant de chacune de ces voix qui en cœur murmurent.

Laisser un commentaire